Une ode à ma mer(e) veilleuse.
J’ai pris le large, perdu le nord,
Je me suis polie au grès du vent et de la mer(e)
Elle a érodé ma façade, façonné ma roche
Je me suis forgée dans la profondeur de ses eaux
Et la douceur de ses coraux
Son phare éclaire et allège les fardeaux
Sa lune me guide, elle s’reflète jusque dans mes os
Même en temps de tempête, mon re-père, ma mer(e) veilleuse
La nuit s’achève. Le vent se lève.
Lever les voiles, faire couler l’encre
Ecrire c’que j’n’arrive pas à t’dire
Alors j’envoie cette bouteille à la mer(e)
Brassée par l’Ecume des jours
Et la houle du silence
Tu t’es relevée telle une fée
Tu nous diras, que c’est ça l’effet mère
Un amour qui n’se peut éphémère
Tu as hissé la grand-voile
Plié ta tristesse dans ses contours,
Pilier de notre parcours
Tu t’es consolée dans nos réci-fs
Perdue dans nos reliefs
Tu nous as tout donné… jusqu’à t’oublier
Tu as tout fait pour nous combler
Broyer la per(e)te, noyer le manque
Choyer nos âmes esseulées
Étouffer la peine, ne pas en parler,
Nous protéger jusqu’à son paroxysme paradoxe
Mais le silence n’occulte pas l’absence
J’ai nourri mes souvenirs de douces chimères
Et me suis effacée dans le flot des pensées
Tu as mené ta barque pour le mieux
Malgré les lames et les remous
Tu as gardé le cap… tu es restée debout
Il n’y a pas de môman plus remarquable
La nuit s’achève. Le vent se lève.
Lever les voiles, faire couler l’encre
T’écrire, c’que j’n’arrive pas à t’dire
Je t’admire et t’aime tant maman
M’en veux-tu si je n’ai pas pris le même chemin ?
Est-ce que tu m’en veux si je suis loin ?
J’ai pris le nord, perdu le large
Je me suis laissée (em)porter par les courants et le blizzard
J’ai voulu effacer mon empreinte, me fondre dans l’essaim
Dompter les vagues au hasard
Renaître de la mer… Morigane
Tel était mon destin
Tu es ma force océane, mon bleu marin
Même de l’autre côté de l’océan
Brille, brille ton firmament
Mai 2020