#25novembre – Journée mondiale contre les violences faites aux femmes
En français, le masculin l’emporte sur le féminin. Le contrecoup en est-il anodin ?
Un texte noir pour montrer que notre langue porte les stigmates d’une société sexiste et que les conséquences ne sont pas à prendre à la légère.
En français, le masculin l’emporte sur le féminin. Et cette langue poétique ne rend pas hommage à celles que l’on dénomme second sexe ou sexe faible. De charmantes expressions en charmantes oppressions, notre langage conditionne l’histoire du genre humain. La permission des uns, la soumission des autres.
Alors que l’homme est un être de culture, la femme remercie la nature.
La femme enfante et c’est là que le bât blesse, on lui reprend ses droits dès la première grossesse.
Il y a le bon chef de famille et la maîtresse de maison. La fée du logis, la ménagère, bonne à tout faire. Il y a les femmes bonnes à baiser et les femmes à marier. Il y a les hystériques et les mal baisées. Il y a aussi les blondes, il y a aussi les rondes, sur lesquelles on projette désirs et frustrations. Et quand l’homme le demande, la femme sourit bé(a)tement, sois belle et tais toi, c’est ce qu’on attend de toi.
A l’arrivée des règles, la femme est indisposée mais à quoi au juste, si ce n’est à se faire pénétrer ?
Alors qu’il faut avoir des couilles pour être courageux, on pleure comme une fillette ou on est une femmelette. Quand l’homme est un Don Juan, la femme est une salope, quand l’homme est beau parleur, la femme est allumeuse. Si l’homme est compétent sans autre questionnement, la femme a dû sucer pour en arriver là.
Je veux être féminine, masculine à ma guise, ce ne sont que des concepts culturels désuets.
Je veux être féminine, masculine à ma guise, sans être une vraie femme ou un garçon manqué, qui n’aura pas manqué de déjouer les codes d’une société encodée dans un corset serré.
Je suis femme condamnée à me battre doublement, désamorcer les bombes d’une « langue de pute » qui tient envers les femmes des propos outrageants. Excusez mon langage, ce sont de vilains mots dans la bouche d’une fille.
Je suis une femmelette mais j’ai des couilles à r’vendre, à donner, à offrir aux hommes qui n’en ont pas ou qui ne savent s’en servir qu’en blasphémant l’humain. A ceux là uniquement, je crie, vous n’avez de l’homme que la vile particule et vous avez perdu son H majuscule. C’est d’ailleurs ironique que l’homme soit synonyme de l’humanité quand s’est lui qui la souille en grande majorité.
Mais ce ne sont que des blagues alors rigolons en, dépourvu de message, alors rigolons en.
Car les mots ne font jamais de mal et les MAUX ne tuent pas !
Bien sûr, il ne faut faire de généralités et heureusement qu’ces mots sont hors de portée pour bien des êtres humains qui les regardent de haut ou s’en moquent âprement.
Il n’empêche que les mots ne sont pas que des mots et qu’ils laissent sur la peau une trace indélébile à toutes les femmes victimes de violences et de crimes.
Le raccourci est vite fait, je le sais, mais les faits sont là et de la parole à l’acte, il n’y a qu’un seul pas. Les violences sont multiples, morales ou bien physiques, la femme est dénigrée au cruel rôle d’objet.
L’homme a entre les jambes une arme redoutable mais qu’importe c’est de sa faute à elle s’il ne se maîtrise pas. Il tire à bout portant, c’est de sa faute à elle, elle devait être vêtue comme une prostituée. Eternelle pécheresse, éternelle tentatrice. C’est de sa faute à elle, c’est d’sa faute à elle.
Les violences conjugales, se conjuguent au présent, conjugaison douteuse de deux termes antonymes, à la vie… à la mort… un bien triste oxymore. Et de battre son corps s’est arrêté. Elle aurait dû partir, elle l’a un peu cherché.
Ce dernier paragraphe vient noircir ce papier qui s’voulait au départ humoriste et léger. J’ai été emportée par une réalité de fait divers sordides qui grouillent sous nos pieds.
En français, le masculin l’emporte sur le féminin… Le contrecoup en est-il anodin ?
Abus de langage, abuse pas de moi. On peut rire de tout, même de ce qui tue. Rions jaune, rions noir et CRIONS notre outrage.