Il y a deux ans, je partais seule, à la rencontre d’histoires fabuleuses, de parcours étonnants, de projets inspirants. Je partais avec pour seul bagage une bonne dose courage.
Non, en fait, il y a avait bien plus que cela dans mon gros sac à dos. Il y avait beaucoup d’envie, beaucoup de rêves et surtout beaucoup de rencontres et d’émulsion en amont.
D’ailleurs, si je devais choisir un seul et unique mot pour définir ce voyage, je dirai sans hésitation Rencontres. MétamorFaiseurs partait à la rencontre du changement. A la rencontre des Faiseur.se.s évidemment, à la rencontre du monde et finalement à la rencontre de moi-même. Et derrière toutes ces rencontres, un dénominateur commun : l’humain !
A la rencontre des Faiseur.se.s – alias graine d’humanité
La rencontre du changement c’est incontestablement tou.te.s ces Faiseur.se.s qui m’ont ouvert leur coeur, qui m’ont offert de leur temps et qui ont accepté de partager avec moi un peu de leur engagement. Des personnes d’une grande humilité qui, à leur manière, chaque jour colorient le monde ; qui à leur manière, chaque jour participent à faire de ce monde, un monde meilleur, un monde plus juste, plus humain, plus responsable.
Puis, il y a aussi tou.te.s ces entremetteur.se.s que j’appelle mes EntreFaiseur.se.s et il y en a eu beaucoup… Toutes ces personnes qui m’ont aidée d’une manière ou d’une autre… qui m’ont conseillée, qui m’ont mise en relation avec d’autres (Entre)Faiseur.se.s, qui m’ont accueillie à bras ouvert, qui m’ont offert leur hospitalité, leur écoute, leur générosité.
Mais la rencontre humaine c’est aussi toutes ces personnes rencontrées dans la rue, dans un café, dans un bus… Ces gens qui m’ont souri, qui m’ont guidée, qui m’ont émerveillée. C’est toute cette gentillesse gratuite, ces relations simples et pourtant pleine d’humanité. Des gens de là bas en grand nombre mais aussi des gens d’ailleurs, d’autres voyageurs que l’on croise sur la route et avec qui on fait parfois un bout de chemin. Des voyageurs qui partagent cette envie de changer le monde, de changer notre façon même de voyager, d’interagir avec les gens et la nature.
De ces rencontres naissent des expériences de voyage mémorables, voire magiques. Je me rappelle de thés partagés avec des villageois spontanément. Je me rappelle de chaussures prêtées (données) naturellement par une inconnue après que les miennes aient disparues au pied d’un temple. Je me rappelle cet homme, me tirant discrètement le portrait dans un café et m’offrant le dessin par nulle autre envie que de faire plaisir. Je me souviens aussi de cet homme nageant à mon secours alors que je suis prise dans un courant. Je me revois aussi réconforter mon hôte thaïlandaise après une peine de coeur. Je revois tant de regards doux et de sourires complices. Je me remémore des discussions passionnés et passionnantes, des moments de vie, des hasards, des belles coïncidences, des âmes qui connectent… Il y aurait tant d’autres moments à partager ici. Ce ne sont là que des balbutiements, une pointe d’iceberg qui émerge de cet océan d’aventures humaines.
A la rencontre du monde – expérience de voyage percutante
J’ai voulu m’accorder un peu de temps pour explorer chaque pays, pour déambuler dans les villes, pour arpenter les villages, pour me perdre dans les montagnes. Ce n’était pas un voyage touristique ordinaire, je n’ai jamais privilégié la quête des sightseeings, j’en ai vu quelques uns au travers, sur le chemin mais le voyage s’est avant tout construit autour des gens que je rencontrais et toujours avec cette volonté de promouvoir un tourisme plus responsable.
La rencontre du monde c’est cette nature luxuriante. C’est prendre le temps de l’apprécier, de la contempler, de la vivre. Je me rappelle de paysages sublimes, d’étendues infinies, de levers et couchers de soleil majestueux, de vol d’oiseaux enchanteurs, d’éclosion de papillons féériques. D’éclosion de nature… de beauté pure. Des moments de retrait, d’arrêt sur image. Mon expérience à la Mindfulfarm en fait assurément partie.
Le voyage spontané laisse place à des découvertes, à de belles surprises. J’ai voulu garder une grande liberté de mouvement. Bien sûr, certaines rencontres étaient planifiées d’avance mais beaucoup se sont faites aussi au fil de l’aventure, au fil des premières personnes rencontrées.
Il y a eu quelques expéditions épiques, des ascensions rocambolesques, il y a eu aussi beaucoup d’indécisions et de changements de plans. C’est le contre coup de trop de liberté, on finit par se perdre pour vraie. Mais c’est le cheminement qui est intéressant.
Puis, grâce au format même de mon voyage qui mêlait rencontres et implications, j’ai vécu des expériences qui m’ont profondément marquée. J’ai parlé dans un autre article de mon expérience au village de Sogalé en Côte d’Ivoire. Il y a eu également d’autres immersions bouleversantes comme au MIEP (Mawlamyine, Myanmar), ou encore lors de mon passage chez Kee and Jin dans le tout petit village de Huay Bo (au nord du Laos). Cette vie en communauté permet de voir autre chose, de sortir un peu plus de sa zone, de se déboussoler un peu plus. Pour chacune de ces expériences, j’étais seule étrangère, coupée du monde, sans connexion. Et pourtant, une opportunité unique de me connecter à mes hôtes, à la nature et aussi de me reconnecter à moi.
A la rencontre de Mo – vers l’entrepreneuriat de soi
J’ai déjà écrit sur la dimension personnelle du voyage, avec un volet plus introspectif dans l’article Aller au bout du monde pour aller au bout de soi (que je cite plus tôt relativement à Sogalé).
Ce type de voyage, d’expériences hors du commun conduisent à un changement en soi, à une transformation positive, à une métamorphose de nos pensées. Forcément, toutes ces rencontres, toutes ces expériences ne laissent pas indemnes, elles nous marquent à vie. Elles nous changent, elles nous transforment, voire nous transcendent… elles nous aident à grandir.
Ce voyage fut une expérience d’une richesse incommensurable, tant sur le plan éditorial, humain, qu’entrepreneurial. Comme pour tout projet de cet envergure, il y a des moments de fierté et de doute, des instants d’excitation et de peur. On passe de l’un à l’autre continuellement dans cet ascenseur émotionnel infini.
Dès les premières destinations, j’ai dû sortir de ma coquille et m’exposer. Je le mentionnais tantôt, ce voyage fut aussi l’occasion de m’impliquer dans différents projets ou organisations sur place. C’était une façon de voir et de faire autres choses, de m’entreprendre, de me dépasser, de sortir de mes habitudes en tentant de me rendre utile. Mes implications furent variées mais toutes m’ont apporté un enrichissement particulier et m’ont aidé à vaincre certaines peurs.
Sur le plan éditorial, c’était un projet ambitieux. Je n’étais pas assez préparée. J’ai fait des erreurs de débutante. J’ai manqué parfois d’assurance, de confiance mais je me suis néanmoins jetée à l’eau avec courage et je n’ai jamais baissé les bras. Tout cela m’a fait prendre conscience de mes limites et m’aide à mieux les contourner. Cela m’a aussi fait prendre conscience de mes forces.
Aujourd’hui, il me reste encore du pain sur la planche pour mener à termes ce documentaire mais je me sens à nouveau d’attaque pour m’y remettre. J’ai envie d’aller au bout du projet, au bout de moi même mais surtout au bout de ces rencontres. J’aimerais tellement leur donner vie.
Dans un autre registre, même si j’étais déjà sensibilisée au développement durable et aux enjeux soulevés par mes trois thématiques (mixité, environnement, éducation), ce voyage m’a ouvert les yeux sur mon mode de vie, sur mes aspirations profondes et sur mes contradictions internes.
Atterrissage émotionnel, engagement rationnel
Il m’a fallu du temps pour écrire ce texte. Du temps pour la rétrospection, pour prendre le recul nécessaire, pour laisser décanter toutes ces émotions. Puis du temps pour l’introspection, pour mettre les mots sur les émotions.
En réalité, j’ai été submergée par un tsunami d’émotions : de l’enthousiasme, de la joie, de la colère, de la peur, de la tristesse, du doute, des larmes… de l’espoir. L’atterrissage émotionnelle, nous dit-on… Cet atterrissage a été particulièrement long et poignant.
J’ai vécu plus de six mois incroyables. Hors du temps, hors de l’espace… hors de moi-même. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes extra-ordinaires (à la fois humblement ordinaires et noblement exceptionnelles), prêtes à me tendre la main, et pour certaines d’entre-elles, prêtes à m’offrir leur amitié, à me confier leur âme.
J’ai été emplie de tant d’amour et de bienveillance que je n’ai pas toujours su comment le rendre, comment le contenir, comment l’assimiler. J’ai eu du mal à réaliser et à comprendre le sens et la puissance de tout ce que j’étais en train de vivre.
La vérité c’est que je n’aurais jamais pu aller au bout du voyage sans toute cette confiance, cet amour et ce soutien. Cela m’a portée dans un élan de motivation et de détermination. Un très grand merci à tou.te.s.
Je ne saurai jamais raconter cette expérience à sa juste valeur. Je ne saurai jamais totalement vous la faire RENCONTRER. Le plus important n’est ni filmé, ni photographié, ni gravé dans ces mots. Il plane quelque part dans les coeurs, quelque part dans les souvenirs, quelque part dans les airs.
J’espère en revanche insuffler quelques bribes d’émotions, une prise de conscience, un élan de petites actions. J’espère inspirer à prendre part au changement, à se dire qu’on peut tous être acteur. A la fois être acteur de sa vie et être acteur d’un monde plus égali-terre. On a tous cette force en nous, qui ne demande qu’à éclore. Comme j’aime à dire : nous ne sommes pas tous faits pour être leaders mais nous pouvons tous être Faiseur.se.s et ce sont les Faiseur.se.s qui ont le pouvoir de changer le monde. Nous vivons dans un monde plein de beauté, par sa faune, sa flore, ses gens. Ces gens qui oublient, ces gens qui subissent, ces gens qui se battent, ces gens qui espèrent. C’est ce monde là qu’il faut se hâter de préserver. Et comme l’a rappelé récemment un collectif français, Il est encore temps… oui, il est encore temps de lui dessiner un contour plus responsable !
C’est l’alliance de l’effet papillon et de l’effet boule de neige. Chaque petit geste compte et ensemble, ils ont encore plus de poids.