« Femme sans enfant
comme une amphore fanée
ça déroge, ça dérange »
Entre questions intrusives et commentaires désobligeants, l’injonction à la maternité est omniprésente.
Un sujet qui paraît banal, pourtant très intime. Tout est une question de contexte, de liens avec la personne. Dans tous les cas le non jugement est clé.
Pas maman pourtant par moment
Ma môme (me) ment
N’est ce pas là d’une femme l’eternel destin
Que ce qu’on nomme si bien le maternel instinct
De naître aux mots de femme
De n’être qu’une femme
Pour mettre au monde l’âme
Donner sens, donner vie
Par amour, mimétisme, injonction ou envie ?
Car l’horloge biologique ou le cadran social
Sonnent les cloches empiriques de l’ascension ovale
Parce que c’est inscrit dans la nature des choses
Que bien souvent la question on ne se la pose
Pourtant à moi sans retenue on me l’impose
T’as pas d’enfant ? T’en veux pas ?
T’aime pas ça ? T’y arrive pas ?
Pas de papa ? Tu verras ça viendra…
Mais passé 35 printemps, il serait temps que tu t’y mettes
Avant qu’il soit too late, avant que tu regrettes
J’vous l’avoue oui ça m’gosse
Je te demande-tu pourquoi toi t’en as eu des gosses ?
Maladroite intrusion dans l’antre de nos raisons
Sans savoir le pourquoi du comment, taire tout commentaire
Qu’on enterre toute allusion
Par peur, pas prête, pas le temps, pas dans ce monde-là
Peut être un peu de tout, peut être rien de tout ça
Jamais par égoïsme… et même acte d’héroïsme
Car dans cette société, de ne pas enfanter
N’est pas enfantillage, il en faut du courage
Femme sans enfant, comme une amphore fanée
Ça déroge, ça dérange
Femme sans famille, pas accomplie
Femme à moitié, femme amoindrie
Femmes sans enfant, âme en enfer
Femmes sans effet s’en est fait
De l’opprobre sociale sur notre globe laissé plane
Et taire tout commentaire
A celles qui en vain on essayé
A celles sans envie, aux critiques essuyées
A celles sans utérus ou qu’ont pas pris le bon bus
Qui ont loupé le coche d’pouvoir changer des couches
Qui n’ont pas rencontré le géniteur de génie
Aux femmes sans enfant de tous les acabits
Pas d’embryon, ni de biberon
C’est autrement dit que nous brillerons
Je n’ai pas enfanté
Peut-être femme hantée
A jamais femme entière
Peut-être enchantée…
De n’avoir dans mon ventre que des étoiles filantes
Orpheline d’une fée, d’un elfe, d’une enfant
De n’avoir dans mon ventre qu’une fantastique fente
De n’avoir pour môme qu’un fantasque fantôme
Ô modeste momie, aux mémoires difformes
D’avoir pour unique hôte papillon de néant
Peut-être aux mille essaies, peut-être aux mille regrets
Chassant en arrière les revenants en avant
Je n’ai pas enfanté,
Je ne veux pas m’en vanter
Juste ne pas déchanter
Doit-on m’en tourmenter ?
Je ne veux pas critiquer celles qu’ont sauté le pas
Juste qu’on me foute la paix, je ne suis pas à plaindre
Toute aussi pleine d’entrain, bien d’autres apparats
Que cette parenté qu’en disent les apparences
Parenthèse refermée, aux mères admiration
D’élever coude que coûte la vie en perdition
Aux mères qui ne voulaient l’être et à celles qui regrettent
Comme une vague amère, vague à l’âme, vague à bonde
A toutes les mamans qui font bien de leur mieux
Et aussi aux papas, là n’est pas le propos
Je n’ai pas mis au monde, mais je veux mettre à bas
Tant d’préjugés immondes au sujet de notre cas
Femmes avec ou sans rejeton, rejetons tout jugement
Car sans progéniture, (re)nies-tu nos projets ?
Je n’ai pas mis au monde, mais je peux mettre à jour
Pour mettre au mot de femme, des mots d’elles tout autre
Femme sans enfant, mon F en capital
Et mon enfantôment n’ regarde qu’ ma môme en d’dans